Pourquoi une telle augmentation du prix du gaz ?

Pour beaucoup de français, l’hiver est la saison pendant laquelle ils reçoivent les factures de gaz les plus élevées. Et de façon particulière, ce montant subira une nouvelle hausse cette année. Les autorités ont annoncé une augmentation du prix du gaz et des tarifs réglementés d’Engie. À partir du 1er octobre, une hausse de 12,6 % est prévue sur le barème en vigueur depuis le 1er septembre.

Il faut noter que cette hausse du prix du gaz est la plus élevée sur le territoire français depuis 2013. Cette augmentation impacte aussi bien les ménages (qui consomment plus d’énergie en hiver pour se chauffer) que les grosses industries. Voici un décryptage de la situation !

Les différents fournisseurs de gaz

Les ménages exaspérés par l’augmentation du prix du gaz pensent qu’en changeant de fournisseur, pourront bénéficier d’une nouvelle formule tarifaire sur le tarif réglementé de vente. Malheureusement les fournisseurs vendent en fonction du prix qu’ils achètent l’énergie. Ce qui fait qu’ils ne peuvent mécaniquement pas compenser l’augmentation du prix du gaz.

Seul l’état a ce pouvoir en baissant les taxes comme cela était discuté en juin 2021.

Les détails pris en compte pour l’évaluation du prix de gaz

cuisson au gaz

Les tarifs réglementés de gaz prennent plusieurs éléments en compte. En premier lieu, il y a les coûts du fournisseur historique qui commercialise l’énergie qui sont pris en compte. Ce coût étant assez volatil, il peut évoluer chaque mois selon les besoins du fournisseur et la politique qu’il met en place pour faire face à la concurrence.

Pour son estimation, le fournisseur prend en compte, les coûts d’approvisionnement du gaz, les frais engagés pour le transport, la distribution, le stockage et la commercialisation de l’énergie. Ces calculs assez complexes sont souvent laissés à la charge de la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE).

Les coûts d’approvisionnement font varier le prix du gaz

Il s’agit ici du montant engagé pour l’achat du gaz naturel auprès du producteur. Les coûts dont il s’agit ici n’incluent pas les extractions des gisements. Ils ne prennent pas en compte non plus, le transport de l’énergie jusqu’aux frontières françaises.

Il faut préciser à toutes fins utiles qu’il n’y a pas de producteur de gaz sur le territoire français. La quasi-totalité (soit 99 %) du gaz naturel consommé en France provient de l’importation. Ainsi, il n’est pas surprenant que les variations des prix des marchés européens et mondiaux impactent les tarifs en France.

C’est d’ailleurs le cas avec le reste de l’Europe. La CRE a même rappelé ces détails dans son dernier communiqué.

Les autres frais qui font varier le prix du gaz

Les frais engagés pour le transport du gaz après achat peuvent varier d’un fournisseur à un autre. On utilise généralement des gazoducs pour ce faire. Ces canalisations peuvent parcourir jusqu’à 3000 kilomètres. À l’intérieur de celles-ci, les gaz circulent sous pression. C’est d’ailleurs le premier moyen de transport de gaz connu.

La sécurité est mieux assurée lorsque les canalisations sont enfouies sur terre.

Après le transport, le gaz doit être stocké avant la distribution et la commercialisation. Là encore, il n’y a pas de montant standard. Tout varie selon les conditions dans lesquelles les fournisseurs exercent leur activité. C’est la mise en commun de tous ces éléments qui explique la fluctuation liée au prix de gaz.

Ainsi, un ménage chauffé au gaz et qui a un contrat au TRV d’Engie paiera 1482 euros par an TTC pour sa facture de gaz. Ce montant est élevé de 29 % par rapport à celui qui était appliqué le 1er janvier 2019. Par rapport au prix du gaz sur le territoire français au 1er janvier 2020, cette dernière facture a connu une augmentation du prix du gaz de 44 %.

La crise sanitaire, une raison de la hausse du prix du gaz

chauffage au gaz

La crise sanitaire n’a épargné aucun secteur d’activité. Celui de l’énergie a également été impacté. Après la reprise économique et le redémarrage progressif des économies mondiales à la sortie de cette crise, la demande des ressources énergétiques est devenue plus forte.

De façon particulière, le gaz est plus demandé et cela a provoqué une augmentation des prix puisque l’offre n’est plus suffisante pour couvrir toute la demande. C’est pour ainsi dire que cette politique de prix vise à régulariser l’utilisation du gaz en Europe et en France en particulier.

Il faut préciser qu’actuellement, c’est la Chine qui est le premier importateur mondial de gaz naturel liquéfié. Cet importateur est suivi de près par le Japon qui propose également une grande quantité de gaz sur le marché. Ce sont là, les données présentées aux « Échos » par Tom Marzec-Manser, analyste chez ICIS.

D’un autre côté, il faut préciser que la consommation de gaz a aujourd’hui beaucoup progressé pour la production d’électricité. Cette hausse de consommation s’est faite au détriment du charbon. C’est pour ainsi dire que les prix des quotas d’émission de CO2 se sont véritablement augmentés en Europe.

Cette hausse de la consommation des « droits à polluer » qui s’échangent sur le marché européen a aussi été évoquée par la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE).

Outre la crise sanitaire et la hausse des quotas d’émission de COc, il faut également attirer l’attention sur la durée de l’hiver dernier en France. En effet, cette saison a été plus longue que d’habitude et logiquement, les consommateurs de gaz ont dû utiliser plus d’énergie pendant la durée de cette saison notamment pour répondre à leur besoin de chauffage.

Par rapport au taux de consommation de 2020, il y a eu 15 % de rajout, et ce, pendant 5 mois d’affilée en France. Il s’agit là, d’une estimation faite par GRTgaz.

La conséquence de cette durée peu habituelle de l’hiver, c’est que les stocks européens ont été entamés. Ils n’ont pas été reconstitués pendant l’été et cela se justifie encore par la très forte demande de gaz sur le marché et l’augmentation du prix du gaz en général.

Le rôle de la Russie dans l’augmentation du prix du gaz

En Europe en général et en France en particulier, les sources d’approvisionnement en gaz sont rattachées à la Norvège et à la Russie selon la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE). Notez cependant que la production de gaz a connu un déclin en 2020 en mer du Nord. Cela se justifie par de nombreux arrêts techniques d’infrastructures associés à la pandémie.

En conséquence, l’approvisionnement en gaz de la France (et de l’Europe) dépend substantiellement de la Russie. De façon particulière, c’est Gazprom, le géant russe du secteur qui s’impose en tant que producteur. Il s’assure de l’exportation du gaz vers l’Europe par Gazoduc. Il exerce d’ailleurs en monopole sur le territoire russe.

Il faut dire que Gazprom aurait pu augmenter ses exportations de gaz afin de satisfaire la demande existante. Cependant, force est de constater que cela ne fut pas le cas. Pour se justifier, Gazprom évoque son projet de construction du gazoduc Nord Stream 2. Cette construction n’a été achevée que récemment après un grand accusé dû aux sanctions américaines contre Moscou.

Cette situation a aussi participé à l’augmentation du prix de gaz puisque l’offre a été réduite comparativement à la demande. Faut-il cependant prévoir une éventuelle sortie de crise avec l’achèvement du gazoduc Nord Stream 2 ?

À cette interrogation, la commission de régulation de l’énergie répondra par la négative. L’institution recommande d’ailleurs d’anticiper un maintien de ces niveaux de prix très élevés pendant l’automne 2021 et l’hiver 2021-2022. Selon la commission de régulation de l’énergie, une baisse éventuelle ne serait prévisible qu’à partir du printemps et de l’été 2022. Avec tout cela, un retour à la normale ne sera alors envisageable qu’en 2023.

Des astuces pour réduire sa facture de gaz

Avant d’en arriver aux astuces qui permettent de payer moins pour sa consommation d’énergie, il est important de relativiser la hausse en question. En effet, le consommateur français ne paie pas aujourd’hui, un montant trop élevé au regard de la hausse remarquée au cours de la crise des « gilets jaunes ».

Ce fut en automne 2018. Entre janvier et octobre 2019, il n’y a eu aucune hausse du prix du kWh remarquée. Pendant la crise sanitaire et au moment des confinements, la demande de gaz a été assez faible. Cela justifie la baisse enregistrée pour les prix.

Notez que ce ne sont pas tous les ménages français qui sont abonnés au gaz en France qui sont impactés par la hausse des tarifs réglementés (TRV). Si vous n’avez pas un contrat TRY auprès d’Engie, vous n’êtes pas concerné par cette augmentation de prix. Retenez que dans l’hexagone, on retrouve 3,1 millions de consommateurs avec ce contrat sur les 10,7 millions de particuliers qui sont connectés au réseau de gaz.

D’un autre côté, les consommateurs qui ne sont pas chez Engie, c’est-à-dire, les 7,6 millions résidentiels qui ont un contrat en offre de marché ne sont pas concernés par cette hausse. En effet, plus de la moitié de ces consommateurs a souscrit un contrat à prix fixe valable sur plusieurs années. Ces consommateurs de gaz ne sont donc pas impactés par les fluctuations du marché.

Comme astuces, commencez déjà par un changement de chaudière si vous souhaitez alléger votre facture de gaz. En effet, une chaudière neuve et performante aura tendance à dépenser moins d’énergie avant de fonctionner correctement.

Dépenser moins d’énergie vous permettra donc de faire des économies sur votre facture. De même, vous pourrez anticiper la hausse en faisant une utilisation rationnelle de votre dispositif de chauffage.

Le gouvernement, sensible à la peine des consommateurs a également proposé une aide « exceptionnelle » pour les français du chèque énergie. Il s’agit de 100 euros aux 5,8 millions de français concernés. Cette aide vient en amont de celle prévue pour la fin du mois d’octobre 2021 à en croire une source gouvernementale.

Le meilleur moyen de ne plus subir l’augmentation du prix du gaz est encore d’opter pour le remplacement d’une chaudière par une pompe a chaleur air eau.

Vous l’aurez donc compris. La hausse du prix de gaz enregistrée en France n’est pas un hasard. Plusieurs facteurs justifient cette augmentation du prix du gaz. Même si la baisse est également à prévoir d’ici 2023, il importe toutefois de faire des gestes utiles pour réduire sa consommation d’énergie jusque-là.